Yanina Wickmayer - 4

Très chouette reportage!
RTBF

Citation :

Yanina Wickmayer : « Dès ma grossesse, j’ai su que je reviendrais sur les courts »


L’incroyable défi réussi par l’Anversoise (34 ans) devenue maman en 2021. Repartie de zéro, en février 2022, il ne lui a fallu que vingt mois pour revenir au 74e rang mondial. La revoici numéro 2 belge pour le Belgique-Hongrie de Billie Jean King Cup prévu, le week-end prochain, à Charleroi.

En avril 2010, Yanina Wickmayer atteignait le meilleur classement de sa carrière à la douzième place mondiale, après avoir atteint les demi-finales de l’US Open, alors qu’elle n’avait pas encore vingt ans.

Quinze ans plus tard, c’est toujours une formidable athlète qui se présente devant nous, même si elle est depuis devenue la maman d’une pétillante Luana (deux ans et demi) et qu’elle vient de fêter ses 34 ans. Après avoir arrêté sa carrière durant 16 mois pour sa maternité, l’Anversoise est repartie de zéro sur le circuit, le 7 février 2022, via un tout petit tournoi à Porto.

Classée 323e à la WTA au début de cette saison, la revoici déjà au 74e rang mondial, avec des titres conquis dans les 100.000 dollars de Trnava et Surbiton. Le week-end prochain, à Charleroi, elle sera l’une des leaders, avec Greet Minnen (59e), de l’équipe belge de Billie Jean King Cup (ex-Fed Cup) qui défiera la Hongrie. Un superbe retour au premier plan que Yanina a commenté pour nous, avec cette détermination qui continue de couler dans ses veines de championne.

Yanina Wikckmayer, vous sortez d’une saison où vous êtes parvenue à remonter de 250 places au classement mondial. Vous attendiez-vous à un retour pareil ?
C’était mon objectif. Quand j’ai décidé de recommencer le tennis après être devenue maman, je voulais me relancer à fond. Je n’ai de toute façon jamais aimé faire les choses à moitié. Je voulais donc donner à nouveau le maximum de moi-même. Après, c’était difficile de chiffrer réellement un objectif, car je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Comment mon nouveau corps de maman allait-il réagir ? Serais-je aussi forte physiquement qu’avant ? J’avais un tas de questions sans réponse. Mais l’objectif était clairement de tout donner. Je m’étais fixé jusqu’à la fin de cette année pour tirer le bilan : si j’étais larguée au classement, sans m’amuser, je m’arrêtais. Mais là, je suis contente des résultats et aussi de la manière, car je suis parvenue à regagner des titres en simple (niveau ITF, NDLR) et en double (niveau WTA). Tout ça en repartant de tout en bas de l’échelle. Le ranking est là, mais c’est encore plus agréable en ayant aussi vécu une chouette année avec pas mal d’émotions.

Surtout que vous faites désormais partie de ces joueuses-mamans qui fleurissent sur le circuit (Azarenka, Svitolina, Wozniacki, Osaka, Kerber, etc.) Racontez-nous votre expérience.
La première chose, c’est que je me sens toujours aussi forte physiquement (même durant sa grossesse, Yanina a continué de s’entraîner, avec des adaptations, NDLR). Même sans doute plus forte, car je suis repartie sur des bases saines, et hormis un petit problème au bassin durant l’US Open, je n’ai pas connu de bobos, je touche du bois. C’est clair qu’à 34 ans, je fais plus d’exercices d’entretien chaque jour, notamment pour mon dos, mais j’ai toujours aimé ça. Mentalement aussi, j’ai grandi. Devenir maman m’a permis de remettre les choses clairement à leur place, de relativiser, d’effacer beaucoup de négativisme. De profiter beaucoup plus du moment. Avant, ce n’était que tennis, tennis, tennis, avec beaucoup de pression et pas de recul. Je me suis posé beaucoup de questions entre 2018 et 2019, je me demandais pourquoi je jouais encore. J’allais sur mes trente ans, j’avais ce souhait de devenir maman en moi, de fonder une famille avec Jérôme, mon mari. Je voulais autre chose dans la vie. Mon cœur n’était plus à 100 % dans le tennis. Finalement, le coronavirus qui rendait la vie impossible sur le circuit a facilité mon choix, et j’ai eu la chance de tomber directement enceinte.

Et dix mois après avoir accouché, vous étiez déjà de retour sur les courts !
Dès ma grossesse, j’ai su que je reviendrais sur les courts après avoir passé les premiers mois importants avec ma fille, c’était assez clair dans ma tête. Mais ce n’est évidemment pas naturel pour une maman de laisser sa fille, on ne s’y habitue d’ailleurs jamais ! Au début, d’ailleurs, je culpabilisais. Mais je sais pourquoi je me lance dans ce retour. Je le fais aussi en partie pour notre petite famille, et donc pour elle. Le tout, c’était de trouver un bon équilibre. Je suis parvenue à bien morceler ma saison, en ne partant pas plus de deux semaines à la fois, et entre deux départs, je profite totalement de Luana. Je pense que qualitativement, je passe de grands moments avec elle. Quand je suis là, je suis vraiment là. Et puis, elle a été habituée directement à ce rythme. Elle n’est pas vraiment triste quand je pars, elle pense que c’est normal. Elle comprend quand sa maman va jouer au tennis. Et, à son âge, elle n’a pas encore vraiment la notion du temps. Dans son cœur, elle sait que je suis là. On est évidemment en contact tous les jours, et il arrive parfois qu’elle soit plus concentrée sur ce qu’elle est en train de faire quand je l’appelle (demi-sourire). C’est plus dur pour moi, en fait. Elle me manque énormément quand je suis en tournoi. Mais pour l’instant, tout est bien équilibré et ça se passe bien. On doit tous être heureux, c’est la règle numéro 1 dans notre famille. L’année prochaine sera peut-être un peu plus compliquée, car avec mon classement, je vais retourner dans les grands tournois, dans des tournées plus longues. On va bien réfléchir à un programme où elle viendra parfois avec moi… Sans doute pas en Australie, car ça c’est vraiment loin et long. Encore une fois, tout sera une question d’équilibre. C’est le défi réservé à celles qui sont mamans et athlètes, un des défi les plus durs. Mais c’est mon choix et je me sens vraiment très chanceuse de pouvoir combiner les deux.

Et sans doute fière aussi ?
Ce dont je suis la plus fière, c’est d’avoir pu recommencer de tout en bas, par tous les petits tournois, sans vraiment bénéficier de faveurs ou de wild-cards. En fait, j’ai fait le même chemin que lorsque j’avais seize, dix-sept ans. Mais à trente-trois, trente-quatre ans, c’est encore plus difficile, car je me retrouve face à des jeunes qui jouent à fond parce que tout le monde veut réussir et grimper au classement. Ce n’est vraiment pas le chemin le plus facile. Et au bout de tout ça, je regagne des titres, dont un sur terre, ce qui n’est pas ma spécialité. Mentalement, j’ai été très forte dans des moments où ce n’était pas toujours facile. J’ai été très positive, en fait, ce qui a fait ma force cette année.

Si on compare les deux périodes de votre carrière, celle où vous êtes douzième mondiale, demi-finaliste à l’US Open, à la période actuelle, êtes-vous plus heureuse maintenant ?
De loin, je suis plus heureuse maintenant, il n’y a même pas photo ! Si tu demandes à toutes les athlètes, elles sont plus heureuses vers la fin de leur carrière qu’au début. On est tellement jeunes qu’on ne réalise pas ce qui se passe, qu’on ne profite pas du moment. On croit qu’on doit sans cesse prouver quelque chose aux autres. On est pris dans un engrenage. Comme je l’ai dit, en 2018-2019, je ne savais plus pourquoi je jouais au tennis… J’ai même pensé tout arrêter, mais pas parce que je n’aimais plus ça. Je n’ai jamais été malheureuse sur un terrain de tennis, mais j’avais besoin d’autre chose dans ma vie, de quelque chose en plus. Le tennis, ce n’était plus assez. Ici, c’est vraiment un chapitre de ma vie que je n’écris que pour moi, ce qui enlève énormément de pression. Je voulais vraiment relever le défi, pas parce que je devais le faire, mais parce que je sentais encore le feu en moi. Et le fait d’être sur le bon chemin, ça donne une telle sensation d’épanouissement que ça me conforte dans mon choix. J’ai 34 ans et je vois aussi la vie différemment. Je mets le tennis au bon endroit dans l’ordre de mes priorités.

Vous y repensez de temps en temps à cette demi-finale à l’US Open (défaite contre Caroline Wozniacki) ?
Oui, évidemment. C’est la partie signature de ma carrière. C’est là où tout est allé très fort pour moi : une demi-finale en Grand Chelem… J’ai été top 20, j’ai gagné des titres, j’ai battu des top 10. C’est ce qui a lancé ma vie, c’est là où je suis devenue Wickmayer. Je suis super fière de cette période. A un moment donné, j’ai atteint tous mes objectifs, tous mes rêves. Ce fut une période pas toujours facile, mais très positive pour moi. Elle m’a permis de vivre tout ce que je vis actuellement. Mais au bout du compte, je suis plus fière de ma deuxième partie de carrière actuelle. Pour les gens, ça ne paraît peut-être pas logique. Une demi-finale en Grand Chelem, c’est un résultat énorme. Mais je profite beaucoup plus du moment aujourd’hui. J’ai pris du temps pour mieux savourer mes titres, même s’ils sont d’un niveau bien inférieur, et même ma remontée à la 74e place, même si c’est très loin de la douzième… C’est une autre partie de ma vie, c’est différent.

Et la suite, à 34 ans, vous y avez déjà pensé ?
Il n’y a rien de vraiment fixé dans le plus long terme. Mon premier objectif, ce seront les Jeux olympiques de Paris. Je l’avais déjà en tête dès que je suis remontée sur les courts. Pour le reste, je ne veux pas trop regarder plus loin. Je pense que je le saurai assez facilement quand il sera temps de ranger la raquette. Pour l’instant, je continue de m’amuser énormément sur un court ou à l’entraînement, ça marche bien depuis un an avec Gérald Moretti à mes côtés et on ne va pas changer une équipe qui gagne.

Et si vous deviez réaliser un dernier rêve ?
Il y a plein de choses encore à réaliser ! Regagner un titre sur le circuit WTA en tant que maman, ce serait génial. Je l’ai réalisé en double, ce serait bien en simple. Il y a d’autres plaisirs encore, comme une deuxième semaine en Grand Chelem, un retour dans le top 50. Ce sont tous des objectifs qui sont là quelque part dans ma tête. Pas à pas, comme de petites étapes. Mais à vrai dire, quand j’ai décidé de recommencer, mon objectif numéro 1, c’était d’amener chaque fois la meilleure version de moi-même sur le court, d’aller chercher mes limites. Plus, je ne peux pas faire, alors tout ce qui viendra avec ne sera que du bonus. Si ça amène des titres, c’est parfait, si ça amène plus que ça, ou moins que ça, c’est bien aussi ! J’aurai tout donné et je n’aurai pas de regret. Je suis dans une phase complètement différente par rapport à avant. Et je n’ai pas peur du tout parce que si à un moment donné je ne me sens plus heureuse, alors je saurai que c’est la fin.

Qualifiers (Hongrie) (Belgique - Fed Cup - - Dur - indoor)
Simple
P2 : Yanina Wickmayer (74) - Anna Bondar (HUN, 116) 7/5 6/2

P4 : Yanina Wickmayer (74) - Dalma Galfi (HUN, 154) 6/2 6/7 6/1

385,643$ de gain en tournoi cette année.
5,834,223$ depuis le début de sa carrière.

Elle est la 5e joueuse belge de l'histoire en terme de gain, mais elle devrait dépasser Flipkens qui a gagné +- 400.000 de plus.

Citation :

Le « whoopie » sera-t-il entendu aux Jeux Olympiques de Paris l'été prochain ? Yanina Wickmayer rêve à haute voix d'une participation olympique en 2024, dit-elle dans Dubbelspel, le podcast de Tennis Flandre. Elle y parle également de son fameux cri "whoopie".

Près de deux ans après son grand retour sur les courts de tennis, Yanina Wickmayer retrouve la 71ème place du classement WTA.



Pourtant, le deuxième chapitre de sa carrière n’a pas été que rose et clair de lune. "J'ai joué dans les endroits les plus ennuyeux, où je devais ramasser les balles moi-même", dit-elle.



"Cela faisait partie du processus : j'ai dû repartir de zéro et j'étais prêt pour cela. Maintenant, je suis de retour au numéro 71, donc je suis heureux d'avoir persévéré dans les moments difficiles et d'avoir continué à y croire." ".



Et la foi est certainement là chez Wickmayer. Elle rêve même à voix haute des Jeux Olympiques de 2024. "La première fois que je l'ai dit, je n'y croyais pas. Cela semblait irréel et c'était surtout un rêve à l'époque."



"Maintenant, c'est vraiment un objectif. Je veux y aller, de préférence en simple et en double avec Greet Minnen."

D'où vient le "whoopie" ?
Dans le podcast, Wickmayer a également été interrogée sur le "whoopie", le slogan du tennis qui lui est inextricablement lié.



"Je vais être honnête : je ne l'ai jamais compris moi-même", rit-elle. "Je ne dis pas 'p' pendant mes mouvements. Je pense que c'est plutôt un 'whoo' et un 'ee' séparés."



"J'ai donné à mon chien le nom de whoopie. On m'en parle moins maintenant qu'avant."

Greet Minnen (WTA 59 en double, 26 ans) et Yanina Wickmayer (WTA 74, 34 ans) associées à l'Australian Open, comme prévu.